Un soir, pendant le souper, Lindström annonce qu’il sera inutile désormais d’aller sur la banquise pour chercher le gibier, car il vient à nous. Et, par derrière ces îles, apparaît une immense blancheur morte, la grande banquise antarctique… L’océan était déjà couvert de glaces compactes au commencement de février, et, cependant, le commandant Bruce n’eut pas un instant d’hésitation ; il voulait arriver, arriver quand même, et énergiquement il força en avant ; et, par de très habiles manœuvres, il parvint à pousser à 1,100 kilomètres dans le sud. Le commandant Bruce ayant fait choix d’un mouillage sûr, la Scotia y fut ancrée solidement afin que l’hivernage pût se passer dans les meilleures conditions. À cette époque, d’importantes modifications sont apportées au harnachement des chiens, un de nos camarades ayant eu l’ingénieuse idée de combiner le harnais de l’Alaska avec celui du Grœnland. On devait s’accroupir sur les talons, et, dans cette posture, allonger une jambe, puis l’autre, avec rapidité. Mais, le commandant Bruce désirait ne pas rester inactif, et, le 14 février 1904, il quittait les Orcades pour pousser une pointe dans l’inconnu antarctique. ’aspect des Orcades en fournit la preuve évidente.
Le commandant Bruce était arrivé, dans les premiers jours de février, aux Orcades du Sud, archipel perdu dans l’Atlantique austral, au sud-est de la pointe suprême de l’Amérique et à l’est de la région explorée par Nordenskjöld. La température se maintenant aux environs de −20°, avec de tels hôtes il était impossible de tenir le pont propre ; l’eau que l’on y jetait gelait immédiatement. Elle différera d’elle-même, comme la jeune fille folâtre et naïve diffère de la femme aux pleins contours, que l’amour à rendue mère. À quand votre noce, ma petite femme ? Cette semaine, nous débarrassons le Fram des derniers chiens restés à bord, vingt petits encore à la mamelle. À notre avis unanime, il est très supérieur à tous les autres, et les chiens semblent partager cette opinion. Ces jeunes chiens passèrent la majeure partie de l’hiver au grand air ; pendant quelque temps, ils demeurèrent près des carcasses de phoques. Chaque jour nous tuons de nombreux phoques. À leur intention, une tente avait été dressée, mais ils refusèrent énergiquement d’y entrer ; force nous fut donc de les laisser dehors.
’est une enfant. Ce n’est point l’être, à la fois semblable et différent, qui peut doubler ma vie, mon bonheur, ma force ; ni cet idéal supérieur à moi, que j’osai parfois évoquer pour exhaler un peu mon besoin d’adoration. Démouler au moment de servir ; masquer la timbale d’une sauce Béchamel à l’essence de champignons, réduite, additionnée finalement d’une cuillerée de glace de viande blonde et d’un peu de beurre fin. Maintenant la station a l’aspect d’un camp. Après le 30 janvier, nous amenons à la station le charbon, le bois, l’huile, et la provision de poisson sec. Lindström assuma la charge de sous-directeur et d’ouvrier d’art de la station météorologique de Framheim. Le lendemain, dimanche 5 février, les hommes du Fram montent nous voir. Tout de suite nous sortons : en effet un crabier se dirige droit vers la maison ; mal lui en prit de sa curiosité.
Bien souvent nous avions parlé de la possibilité de rencontrer l’expédition anglaise lorsqu’elle se dirigerait vers la Terre du Roi Édouard VII ; ce n’en est pas moins une fière surprise. L’expédition se trouvait favorisée, cette fois, car les glaces étaient rares, ce qui était un véritable bonheur, et la Scotia réussissait enfin à dépasser, vers le sud, le point qu’elle avait atteint au cours de l’année précédente. Telle est la question que se posait, en 1902, un Écossais, M. Bruce, qui, désirant éclaircir, si possible, ce mystère, avait quitté la vieille Europe à la fin de l’année 1902, sur le navire la Scotia. Était-ce la grande terre antarctique, le sixième continent rêvé, depuis si longtemps qui, enfin, apparaissait ? Existe-t-il un sixième et nouveau continent à l’extrémité sud de l’immense océan qui sépare l’ancien monde Truffe noire du Périgord nouveau ? Commandant, officiers, matelots, tout le monde se précipita sur le pont. Immédiatement après mon arrivée, le lieutenant Campbell revient à bord du Fram et me confirme ces nouvelles. À ce moment l’homme de quart à bord du Fram venait de descendre avaler une tasse de café. À six heures et demie du matin, comme d’habitude, nous étions tous partis chercher des charges sur le bord de la baie, lorsque l’homme en tête de la colonne se met à gesticuler comme un fou.